CA VA ?
COMBIEN DE “CA VA“
FAUDRAIT-IL POUR QUE CA AILLE VRAIMENT ?
De Jean-Claude GRUMBERG
Le texte de la pièce est publié par les éditions Actes Sud, 2008
Création à l’Auditorium de Seynod le Mardi 23 mars 2010 dans le cadre de la manifestation Histoires de vie.
Reprise les 28 et 29 octobre 2010 aux Célestins Théâtre de Lyon (salle La Célestine), 2 représentations le 21 janvier 2011 au Centre culturel Les Allobroges à Cluses et 1 représentation le 15 avril 2011 au Centre social et culturel J. J. Peyri à Vaulx-en-Velin.
Représentations 2011-2012 :
Le 24 novembre 2011 au Lycée Général et Technique Marcel Sembat à Vénissieux.
Les 6, 7, 10, 11 et 12 décembre 2011 à 20h30 salle La Célestine du Théâtre des Célestins à Lyon.
Le 28 février 2012 à 20 h 30 au Centre culturel communal Charlie Chaplin à Vaulx-en-Velin.
Le 26 mai 2012 au Théâtre de l’Iris à Villeurbanne dans le cadre du Festival Brut de Fabrique.
Représentations 2012-2013 :
Les 20, 21 et 22 novembre 2012 au Théâtre Le Petit Vélo à Clermont-Ferrand.
Le 7 décembre 2012 à l’Étable de Monsieur Plus à Lapeyrouse (39).
Le 23 février 2013 au Théâtre du Temple à Saillans (26).
Conception, réalisation et jeu : Alain BERT et Christian TAPONARD
Réalisation vidéo : Antonin BACHÈS
Direction musicale et sonore : Alain BERT
Lumière : Justine NAHON ou Rose-Line MOISY
Collaboration artistique : Marina ALÉO
Photographies et création de l’affiche : David ANEMIAN
Photographies Seynod : Jérôme TOULOUSE
Sérigraphie : Olivier DUVERNEY
Administration et communication : Sylvie MÈGE
Durée : 1h10
Musique :
Transglobal Underground
Interplanetary meldown
International times
Slowfinger
Earth tribe
Pascal COMELADE
El Cabaret Galactic
Clair de Lune à Pampelune
Chantons sous la pluie
Arthur FEED/Herb BROWN
Remerciements à : Nadine EMIN, Virginie LABOURÉ, Sylvie MÈGE, Marie et Christophe ROUX, Jérôme TOULOUSE, Chantal BOTOLLIER, Marine RENAUD, le Cinéma Les Amphis à Vaulx-en-Velin…
Le projet
À travers une série de séquences d’une cruelle et profonde drôlerie, Jean-Claude GRUMBERG nous rend témoins de rencontres à répétition entre deux êtres improbables, dissemblables et complémentaires, qui refont le monde et détricotent le fil emmêlé de leurs vies ordinaires et dérisoires.
Les personnages qu’ils figurent, nous les aimons, mais ils sont effrayants aussi, à leur manière.
La mise en jeu se propose de faire de ce duo un tourbillon, une ronde contemporaine, une accumulation absurde et comique d’interrogations multiples sur le sens de l’existence.
Nous nous reconnaissons dans ces clowns chahutés et stressés ; cependant, nous ne les jugeons pas, tant ils sont pathétiques à ressasser la vacuité de leurs vies empêchées.
Et si nos deux protagonistes étaient des pensionnaires d’un improbable asile, « mis en observation » par d’invisibles gardiens et sommés de décliner de toutes les manières possibles l’absurdité et le pathétique des comportements humains, dans une obsessionnelle et dérisoire ronde théâtrale, jusqu’à la disparition, jusqu’à l’oubli…
Tout l’art de Jean-Claude GRUMBERG est concentré dans ce duo comique : il consiste à dessiner des monstres familiers, à parler de l’oppression et du déni d’humanité en provoquant le rire. Il démonte et ridiculise le racisme, l’antisémitisme, la peur de l’autre, l’arrogance et la vanité. Il nous offre un théâtre terriblement drôle et efficace. C’est par le rire qu’il nous fait réagir à la bêtise ; il la traque dans le plus petit comportement, derrière les paroles faussement anodines, dans les replis et les mensonges de la langue.
Bref, un joyeux pied de nez existentiel pour temps de crise…
Photo : David ANEMIAN 2009
www.theatre-contemporain.net
Cadre de jeu
Sur le plateau, champ d’expérimentation dangereux comme le monde, nos deux protagonistes sont projetés, mis en face l’un de l’autre, comme nés une seconde fois mais emplis de la réminiscence embrouillée de ce qui a constitué et constitue leur vie.
Dès la première séquence, ils vont être pris dans un tourbillon ascendant vers nulle part, vers le vide de leur vie, vers un espoir d’autre chose qui n’arrive même pas à se nommer.
Ils semblent être pensionnaires quelque part et sont soumis à une expérience, sous surveillance. Dans un lieu qui ressemble à une salle d’activités, ils jouent, à tous les sens du terme, en utilisant des codes et des styles de jeu différents selon les séquences, d’improbables rencontres, des variations existentielles et absurdes. Ils ne sont pas réduits à un emploi dramatique fixe ; ils sont interchangeables et doubles.
L’aire de jeu est ouverte, tout est dégagé, pas de rideaux de théâtre, on voit les portes du plateau, qui sont utilisées…
L’espace est un laboratoire de théâtre sous contrôle. Plusieurs caméras de vidéo surveillance, au-dessus et autour de la scène, sont bien visibles.
Et les voilà partis : à peine ont-ils terminé une tranche de rencontre qu’ils sont déjà ailleurs. Puis on les retrouve pour une autre séquence… Et la vie continue, dans son irrésistible discontinuité… Ils se rencontrent à nouveau, oubliant même souvent à quel moment et où ils se sont retrouvés précédemment car les repères du Temps sont comme effacés, illisibles… C’est un vertige, une fuite en avant qui emportent les deux hommes. Chaque nouvelle rencontre est une première fois, une séquence sans avant ni après, un éternel recommencement. Car au-delà de l’apparente vacuité de leurs propos, au-delà de leurs considérations existentielles et la banalité triviale de leurs conversations, une porte est ouverte sur une sorte de vertige métaphysique drôle et terrible…
Les pistes qui ont guidé l’équipe artistique dans la mise en jeu de ce texte sont le refus du réalisme, la nécessité d’une mise en abyme sur le théâtre, sur la manipulation, le souhait de casser le rapport frontal, de transgresser les frontières entre le plateau et la salle… Bref, établir sur scène et dans la salle un joyeux désordre, une fuite en avant, un vertige de mots, un patchwork de tous ces clichés qui nous aliènent…
Biographie
Jean-Claude GRUMBERG
Auteur dramatique
Né en 1939 à Paris
Fils et petit-fils de tailleurs déportés et disparus, il découvre le théâtre dans la troupe de Jacques FABBRI. Il est devenu « acteur par hasard puis auteur par nécessité » (G. LIEBER). Révélé par Demain, une fenêtre sur rue, Rixe et Amorphe d’Ottenburg, il s’impose avec Dreyfus, En r’venant d’l’Expo et L’Atelier.
Il écrit beaucoup sur ce qui le hante depuis tout petit : la disparition de sa famille dans les camps d’extermination nazis – Maman revient, pauvre orphelin, Dreyfus (1974), L’Atelier (1979) et Zone libre (1990) -.
En 1998, L’Atelier, reprise au théâtre Hébertot à Paris, connaît un grand succès et reçoit en 1999 le Molière de la meilleure pièce du répertoire.
Au cinéma, il est scénariste de : Les Années Sandwichs, coscénariste avec François TRUFFAUT pour le Dernier Métro, La Petite Apocalypse de COSTA-GAVRAS, Faits d’hiver de Robert ENRICO (1999). Pour la Télévision, il écrit les scénarios de Thérèse Humbert, Music-Hall, Les Lendemains qui chantent, A droite toute.
Il a reçu le Grand Prix de l’Académie Française en 1991, le Grand Prix de la SACD 1999 pour l’ensemble de son œuvre et le Molière du meilleur auteur dramatique en 1991 pour Zone libre.
Il est considéré comme « l’auteur tragique le plus drôle de sa génération » (C.ROY).
Jean-Claude GRUMBERG, dans plusieurs de ses pièces démonte et ridiculise le racisme, l’antisémitisme, la peur de l’autre, en fait ressortir l’absolue cruauté, la noire stupidité.
Il nous offre un théâtre terriblement drôle, monstrueusement efficace. C’est par le rire qu’il nous fait réagir à la bêtise ; il ne lui laisse aucune chance, il n’accepte aucun compromis, il la traque dans le plus petit comportement, derrière les paroles faussement anodines, dans les replis et les mensonges de la langue.
Les personnages de Jean-Claude GRUMBERG ne sont pas libres, ils sont soit piégés en tant que victimes, dépossédés d’eux-mêmes et de leur destin, soit aveugles et arrogants lorsqu’ils sont du côté du pouvoir ou de l’idéologie qui exclut.
Bibliographie
Toutes les pièces de Jean-Claude GRUMBERG sont éditées chez Actes Sud-Papiers dans différentes collections :
N.B. L’année indiquée est celle de l’édition ou de la réédition des œuvres.
Adam et Eve, 1997 et 2004
Amorphe d’Ottenburg (nouvelle édition), 1999
Ça va ? Combien de « ça va » faudrait-il pour que ça aille vraiment ? , 2008
Demain une fenêtre sur rue…, 1990
Dreyfus – L’Atelier – Zone libre (nouvelle édition), 2000
En rev’nant d’l’expo, 1992
H.H., 2007
Iq et Ox (jeune public), 2003
L’Enfant do, 2002
L’indien sous Babylone, 1985
La nuit tous les chats sont gris, 2000
Le duel, 2002
Le Petit Chaperon Uf (jeune public), 2005
Le petit violon (Jeune public), 2006
Les autres, 1985
Les courtes (nouvelle édition), 2001
Linge sale (nouvelle édition), 1999
Linge sale précédé de : Maman revient pauvre orphelin, 1993
Maman revient pauvre orphelin précédé de Quatre commémorations, 2004
Mange ta main (jeune public)
Marie des grenouilles (jeune public), 2003
Moi je crois pas !, 2010
Mon étoile (jeune public), 2007
Pinok et Barbie (jeune public), 2004
Rêver peut-être, 2004
Si ça va bravo !, Actes Sud-Papiers, 2011
Sortie de théâtre, 2000
Vers toi terre promise, Tragédie dentaire, 2006
Zone libre, 1990
Fragments extraits de l’œuvre théâtrale de
Jean-Claude GRUMBERG
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Juste une chose, dis-moi franchement, à part ta santé, ça va ?
Ça va.
Eh bien tu vois quand tu veux… Salut.
Salut, bonjour chez toi.
N’abuse pas de ta condition de célibataire tu veux, sinon moi aussi je vais finir par raconter ma vie, et crois-moi elle est pas jolie jolie !
Qu’est-ce qui t’arrive ?
Ta gueule ! Fous le camp ! Provocateur ! Pervers ! Fumier ! Célibataire !
Ça va.
Qu’est-ce que tu fous ?
J’attends.
N’attends plus.
Pourquoi ?
Il viendra pas.
Comment tu sais ?
J’ai vu la pièce hier.
Ça t’a plu ?
Pas des masses.
Pourquoi ?
Deux types attendent un type et le type qu’ils attendent ne vient pas.
Alors ?
C’est décevant.
Qu’est-ce qui se passe au juste ?
Deux types se radinent, bizarres tu vois, y a même un gosse, mais le type qu’ils attendent ne vient pas.
Et ça finit comment ?
Comme ça commence.
Et ça commence comment ?
Ils attendent.
Dès le début ?
Du début à la fin j’te dis.
Compris, j’me rentre.
J’me rentre aussi.
Non, toi t’attends.
J’attends ?
Ben si jamais il vient…
Puisque je te dis qu’il vient pas !
On sait jamais.
J’ai vu la pièce pas plus tard qu’hier !
Faisons un roulement.
Pour quoi faire ?
Si jamais il vient qu’il y ait l’un de nous deux pour le recevoir.
Et si jamais il vient et que t’es pas là, je lui dis quoi moi ?
Que je reviens.
Et s’il repart ?
Tu me dis qu’il ne viendra pas !
Ah ben pourquoi attendre alors ?
On ne sait jamais.
Me laisse pas seul.
Je reviens.
Mais s’il vient en attendant ?
Il viendra pas.
Pourquoi l’attendre alors ?
On ne sait jamais, suffit d’une fois.
J’aimerais pas qu’il vienne pendant que t’es pas là…
Il viendra pas, te bile donc pas !
C’est plus fort que moi…
Quoi ?
Je me bile.
Je reviens.
Quand t’es pas là j’ai l’impression que tu reviendras pas.
Je reviens j’te dis !
Et s’il arrive ?
Il viendra pas !
Pourquoi l’attendre alors ?
On ne sait jamais !
« Ça va ? Combien de « ça va » faudrait-il pour que ça aille vraiment ? » – un endroit où aller/Actes Sud, 2008 –
La Mère.
Je trouve simplement qu’il exagère d’être aussi noir ! C’est vrai, il y a des tas de Noirs moins noirs que lui…
Le Père.
Ma chérie, au lieu de t’occuper de l’intensité de la couleur de la peau des soldats, tu devrais plutôt, au fond de toi-même, te réjouir et remercier le seigneur qui va nous envoyer prochainement la PAIX : un avion et c’est terminé ! Vois-tu, dans le fond, je ne suis pas fâché de cette décision, bien sûr, j’aurais préféré une solution négociée, hélas ! ils n’ont rien voulu savoir ! Que peut la patience, l’humanisme, la raison contre l’entêtement et la haine ? Rien…
Il faut donc se résoudre à les écraser… Enfin…quoi qu’il en soit, demain la vie reprendra ses droits, à nous la télévision, les promenades à la campagne, les pique-niques, les vacances à la mer, les restaurants et la pêche à la ligne… À nous la vie ! »
« Demain, une fenêtre sur rue… » – Actes Sud-Papiers, 1990 –
Fiche technique
Plateau
Mur du théâtre apparent suivant les dimensions ou pendrillonnage à l’allemande.
4 perches à la verticale pour cadrer l’espace de jeu et installer nos 4 caméras à 2m de haut.
Panneau de basket mobile à lester éventuellement.
Lumière
1 jeu d’orgue à mémoire de 30 circuits avec les racks de lumière de 30 circuits 2kw chacun.
4 PC 2KW.
14 PC 1KW.
11 PC 650W.
Gélatines: 203 x 3PC 1KW, 202 x 9 PC 1KW, 711 x 4 PC 2KW.
Son
1 console son.
Système son suivant la salle (façade).
1 lecteur minidisc.
Vidéo
1 vidéo projecteur, puissance selon la salle, prévoir un système pour le suspendre sur une perche suivant la distance. On projette sur le mur ou sur le pendrillon au lointain côté jardin.
1 lecteur DVD.
Montage
1service de montage : 1 électro, 1 régisseur lumière, 1 régisseur son, 2 régisseurs plateau.
1 service de réglage : 1 électro, 1 régisseur lumière, 1 régisseur plateau.
1 service de répétition : 1 régisseur lumière, 1 régisseur son, 1 régisseur plateau.
Toute possibilité de version en situation de proximité dans un lieu non équipé, dans un établissement scolaire ou en appartement est complètement prévue et ferait alors l’objet d’une fiche technique spécifique.