H. H.

 Jean-Claude GRUMBERG 

Editions Actes Sud-Papiers, 2007

Mise en jeu : Christian TAPONARD

Le projet

H. H. nous plonge tout d’abord au cœur de réunions d’un conseil municipal d’une petite ville de Bavière, autour du nom d’Heinrich HEINE qui est pressenti pour baptiser le nouveau collège de la cité. Contestation, remous, refus et autres perturbations enveniment rapidement le débat.

L’auteur, qui nous présente son texte comme un « jeu interactif pour scolaires, étudiants, intermittents, ou autres.. », n’a pas donné de nom aux membres de ce conseil municipal. Des tirets lancent les paroles, interpellations ou invectives proférées dans la plus grande confusion. Malentendus, quiproquos comiques, piques venimeuses, incompréhensions grotesques, remarques stupides s’enchaînent et s’entrecroisent, dans un maelström parfois interrompu ou réorienté par un président de séance tentant de garder la maîtrise de son assemblée. On repère pourtant très rapidement les caractéristiques des uns et des autres, leur appartenance politique, leur position à l’intérieur du conseil.

Étant donné que les deux lettres H. H ont déjà été coulées dans le bronze, une célébrité locale, dont les initiales correspondraient, est alors proposée. Face au tollé suscité par cette lumineuse idée, on décide alors de comparer les « œuvres » des deux candidats… Il se trouve cependant que c’est le plus grand criminel allemand qui se trouve mis en concurrence avec le plus grand poète allemand…

L’équipe d’interprètes est composée de 5 acteurs professionnels : Grégory BENOIT, Alain BERT, Ingrid BOYMOND, Sylvie MÈGE, Inès PLANCHER et de 5 acteurs amateurs, Gilles BONNEFOI, Émilie DELOMOSNE, Ludovic LÉGER, Jacques LELONG, Christophe ROUX.

Comme toujours, Jean-Claude GRUMBERG démonte les mécanismes du racisme, de l’antisémitisme, de la peur de l’autre, du matérialisme sans âme qui régit nos sociétés, de la lâcheté et de la démagogie… Il nous offre un théâtre terriblement drôle, monstrueusement efficace.

C’est par le rire qu’il nous fait réagir à la bêtise ; il ne lui laisse aucune chance, il n’accepte aucun compromis, il la traque dans le plus petit comportement, derrière les paroles faussement anodines, dans les replis et les mensonges de la langue. Et dans la partie finale de la pièce, il convoque en témoignage le lyrisme ironique et cruel de l’immense Heinrich HEINE…

Le texte se présente comme une matière théâtrale formidable offerte à un groupe d’acteurs, une jubilation de tous les instants, une intelligente plongée dans un monde politique et social englué dans la langue de bois, l’ignorance et les conflits d’intérêt, ayant perdu le sens des idées et galvaudé le poids des mots…

Se donner l’opportunité de présenter ce travail dans des salles de conseil municipal redouble le sens et permet une mise en abyme qui renforce la tension théâtrale installée par le texte et ses enjeux…

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Salle du conseil municipal, en mairie de Seynod, le 22 septembre 2011

En 2012-2013 et 2013-2014, cette mise en espace a été diffusée en tournée décentralisée dans certains conseils municipaux du département de Haute-Savoie, puis sera présentée ultérieurement dans les autres départements de Rhône-Alpes.

Ce travail avait déjà fait l’objet, en 2010, d’une tournée de 8 dates dans le département du Rhône, avec une partie de l’équipe d’acteurs de Lorenzaccio, spectacle mis en scène par Claudia STAVISKY, produit par les Célestins Théâtre de Lyon et présenté sous chapiteau en mai et juin 2010… Des extraits du texte avaient également été présentés en lecture mise en jeu par le Comité de lecture lycéens pour les écritures théâtrales contemporaines aux Célestins Théâtre de Lyon en 2009.

 

proposition de stage autour de H. H

  • Atelier n°1 ouvert aux lycéens et collégiens (à partir de la classe de Quatrième), sur 30 h aboutissant à deux représentations de H. H., soit sur le plateau d’un théâtre (avec les spectateurs sur le plateau également), soit dans des lieux de proximité (salles de réunion dans les établissements, médiathèques, etc.).

  • Atelier n° 2 ouvert à des comédiens amateurs, semi-professionnels, enseignants, étudiants, membres de comités d’entreprise, spectateurs curieux et passionnés, etc.), sur 20 heures réparties sur deux semaines (week-ends et autres horaires dans la semaine en fin de journée) aboutissant à quatre ou cinq représentations de H. H.

  • Interventions de 2 heures pour sensibiliser une classe.

     

Biographie

Jean-Claude GRUMBERG

Auteur dramatique

Né en 1939 à Paris

Fils et petit-fils de tailleurs déportés et disparus, il découvre le théâtre dans la troupe de Jacques FABBRI. Il est devenu « acteur par hasard puis auteur par nécessité » (G. LIEBER). Révélé par Demain, une fenêtre sur rue, Rixe et Amorphe d’Ottenburg, il s’impose avec Dreyfus, En r’venant d’l’Expo et L’Atelier.

Il écrit beaucoup sur ce qui le hante depuis tout petit : la disparition de sa famille dans les camps d’extermination nazis – Maman revient, pauvre orphelin, Dreyfus (1974), L’Atelier (1979) et Zone libre (1990) -.

En 1998, L’Atelier, reprise au théâtre Hébertot à Paris, connaît un grand succès et reçoit en 1999 le Molière de la meilleure pièce du répertoire.

Au cinéma, il est scénariste de : Les Années Sandwichs, coscénariste avec François TRUFFAUT pour le Dernier Métro, La Petite Apocalypse de COSTA-GAVRAS, Faits d’hiver de Robert ENRICO (1999). Pour la Télévision, il écrit les scénarios de Thérèse Humbert, Music-Hall, Les Lendemains qui chantent, A droite toute.

Il a reçu le Grand Prix de l’Académie Française en 1991, le Grand Prix de la SACD 1999 pour l’ensemble de son œuvre et le Molière du meilleur auteur dramatique en 1991 pour Zone libre.

Il est considéré comme « l’auteur tragique le plus drôle de sa génération » (C.ROY).

Jean-Claude GRUMBERG, dans plusieurs de ses pièces démonte et ridiculise le racisme, l’antisémitisme, la peur de l’autre, en fait ressortir l’absolue cruauté, la noire stupidité.

Il nous offre un théâtre terriblement drôle, monstrueusement efficace. C’est par le rire qu’il nous fait réagir à la bêtise ; il ne lui laisse aucune chance, il n’accepte aucun compromis, il la traque dans le plus petit comportement, derrière les paroles faussement anodines, dans les replis et les mensonges de la langue.

Les personnages de Jean-Claude GRUMBERG ne sont pas libres, ils sont soit piégés en tant que victimes, dépossédés d’eux-mêmes et de leur destin, soit aveugles et arrogants lorsqu’ils sont du côté du pouvoir ou de l’idéologie qui exclut.

Toutes les pièces de Jean-Claude GRUMBERG sont éditées chez Actes Sud-Papiers dans différentes collections.

Mention Légales
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