Transmission

 

Christian TAPONARD, au sein du groupe décembre qu’il dirige, œuvre pour permettre aux collégiens et aux lycéens de découvrir et de s’approprier les écritures théâtrales contemporaines.

L’expérimentation de la lecture à haute voix est un acte premier dans cette approche des écritures théâtrales. Lire à haute voix est à la fois un acte d’appropriation et de partage. Donner corps à un texte de théâtre, c’est porter la parole active d’un auteur dramatique, la restituer dans toutes ses complexités, ses élans et ses contradictions. C’est de la part des lycéens et collégiens impliqués dans cette aventure un véritable engagement, une prise de risque et un don.

Le Théâtre contemporain, reflet polémique de notre monde, explore l’envers du décor, traque nos dérives, nos peurs, nos impuissances, dénonce les injustices qui nous dépossèdent, dévoile nos ressorts comiques et les abîmes de nos tragédies. Les personnages qu’il crée nous parlent et nous interpellent. Nous nous reconnaissons à travers eux et leur intranquillité nous révèle et nous réveille. Le réel, nu et rude sous les mots qui l’autopsient se dévoile grâce à la fiction et sous le poids des mots qui deviennent une arme et permettent de déjouer les pièges de l’oppression et du mensonge.

Lorsque les jeunes interprètes s’emparent des textes, ils font entendre une langue vibrante, vivante…. De la lecture à la mise en jeu, ceux-ci tracent un chemin de sens et d’émotions et interrogent le travail de l’acteur …

Comment appréhender le sens et lui donner vie, sans le réduire, dans la diversité des pistes qu’il propose ?

Comment le corps de l’interprète est-il traversé par les enjeux, les intentions, la matérialité du texte ?

Comment combattre les clichés afin que le texte, qui est action, résonne dans sa plénitude ?

Les sujets que traite le théâtre d’aujourd’hui, lancinants et récurrents, touchent beaucoup les collégiens et les lycéens : la famille dans tous ses états, la quête de l’identité, le rôle de la grande Histoire qui fait basculer le destin des êtres, la parole empêchée, source de malentendus et de conflits, le désir contrarié d’aller vers l’autre….

Quelque chose est advenu, irréversible et les êtres sont agis, déterminés par des forces qui les dépassent. Ils peuvent se débattre et se révolter, mais même lorsqu’ils dialoguent avec l’autre, ils sont seuls car séparés des autres…

Les moyens d’action pour porter cette transmission sont multiples :

• Interventions dans les lycées professionnels sur une thématique, un(e) auteur(e), autour d’un spectacle.
• Les sessions L’Écrit En-jeux (dans le cadre de notre résidence artistique à Seynod et bientôt à Lyon) consacrées à l’exploration et à la mise en jeu de textes dramatiques contemporains.
• Le Comité de lecture lycéens (et collégiens) pour les écritures théâtrales contemporaines, en partenariat avec les Célestins Théâtre de Lyon : travail avec un groupe de volontaires issus de établissements de l’agglomération lyonnaise sur des textes de deux auteurs différents – lecture, analyse, mise en espace et présentation publique d’une lecture mise en jeu -.
• Notre partenariat avec les classe Théâtre du lycée Vaugelas à Chambéry (Enseignement de spécialité et Option facultative) qui nous permet de faire découvrir à certaines classes (Première et Terminale Option facultative et Première de spécialité). Ce partenariat privilégié avec une Option Théâtre, qui dispense un enseignement artistique exigeant et constitue en outre une magnifique école du spectateur, répond absolument à notre attachement aux textes car ils portent le sens et fondent l’acte théâtral.

• Projet de création en 2017 de la pièce de Stéphanie MARCHAIS Intégral dans ma peau, mettant en jeu des enfants et des adolescents à travers leurs rapports avec trois adultes. Ce qui est en jeu dans ce texte, c’est la question de l’identité, que se pose inlassablement Josh, l’adolescent rebelle. Comment être soi dans un monde qui nous rejette ? Et cette question concerne aussi bien les jeunes interprètes que les jeunes spectateurs.

L’écriture de Stéphanie MARCHAIS restitue, avec une folie jubilatoire, dans une incandescence torturée, contradictoire et fragmentée, le mouvement de la pensée des personnages qu’elle met en jeu, sur la sellette, qu’elle livre sur un plateau, crus et nus sous le scalpel de la langue.

Car c’est bien une dramaturgie de la langue qui est en œuvre dans Intégral dans ma peau. La langue qu’on agite pour parler ou pour embrasser, pour désirer et pour dénoncer, pour affirmer et pour se défendre. La langue qu’on ingère et qu’on déverse, qu’on restitue et qu’on altère…