REsidence artistique

Association avec l’Auditorium Scène régionale de Seynod, Le département de Haute-Savoie, avec le soutien de la DRAC Rhône-Alpes et de la Région Rhône-Alpes.

seynod1

Un théâtre de notre temps

« Le théâtre n’est pas qu’un phénomène artistique. Il n’est pas qu’un phénomène social. Il est aussi et avant tout, du moins dans certaines périodes de son histoire, un phénomène politique.
Le théâtre n’est pas né un jour dans un bistrot ou dans un studio. Il est né sur le forum ou dans la sacristie. Que devient cet art, ce besoin de l’homme s’il n’est pas lié aux faits, aux histoires cruelles ou heureuses ou libératrices de son temps ? »
Jean VILAR    

« Le spectateur a l’intuition qu’une des chances qu’il a d’échapper au nivellement, à la désinformation, à la décérébration, c’est de partager avec d’autres, dans une proximité physique et intellectuelle, un questionnement sur le monde et sur lui-même. Tant pis pour les producteurs, les évaluateurs statistiques de l’audience, la tyrannie de l’audimat ! Nous savons bien que le théâtre ne peut pas mourir. »
Jacques LASSALLE
 in « Conversations sur la formation de l’acteur » avec Jean-Loup RIVIÈRE, Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique, Actes Sud-Papiers, 2004.

Vers un Théâtre populaire contemporain
Pour un Théâtre du risque et de la nécessité

Retrouver la nécessité et la force du Théâtre aujourd’hui et ses liens avec le monde, c’est risquer aussi et surtout d’aller vers de nouveaux spectateurs afin de faire naître en eux le désir toujours renouvelé du Théâtre…
Christian TAPONARD

Pour un Théâtre du risque et de la nécessité

Retrouver la nécessité et la force du Théâtre aujourd’hui et ses liens avec le monde, aller vers des publics multiples, les toucher et les convaincre tout en les laissant libre de leur regard et de leur entendement, c’est prendre des risques.

Risquer de lutter contre les conventions, le confort des codes et des signes
Risquer de construire des ponts entre la parole, le corps, le chant et la musique
Risquer de déchiffrer des territoires dramatiques nouveaux ou différents
Risquer d’éclairer des œuvres plus anciennes d’une lumière oblique mais à l’écoute de l’essence et du sens
Risquer d’investir des espaces de représentation différents, Risquer la légèreté pour mieux entendre la gravité
Risquer sur le plateau l’humain dans les mots, les coups et les caresses échangés entre les êtres…

Risquer aussi et surtout d’aller vers de nouveaux spectateurs afin de faire naître en eux le désir, toujours renouvelé, du Théâtre…

Christian TAPONARD – novembre 2007 –

seynod2

1. Objectifs

Le Groupe DÉCEMBRE, créé en 1997, a pour objectif, à travers la création et la diffusion de lectures, lectures-spectacles, mises en espace, petites formes théâtrales et spectacles, d’explorer des œuvres dramatiques, littéraires ou poétiques contemporaines, afin de les révéler ou de les faire redécouvrir à des publics multiples. Un des axes de réflexion et de travail de DÉCEMBRE est aussi de se situer, à chaque projet, dans une remise en question des codes de la représentation théâtrale afin de pouvoir inventer les formes scéniques les plus aptes à témoigner de la parole de l’auteur et à nouer une vraie relation d’intelligence sensible avec les spectateurs qui peuvent ainsi entrer dans chacune des oeuvres abordées en s’y traçant leur propre chemin…

Une équipe artistique s’est constituée ; ses membres se réunissent régulièrement afin d’échanger des passions de lecteurs et de partager des découvertes de textes. De ces rencontres peuvent ainsi émerger de nouveaux projets de petite forme ou de spectacles.

2. Créations

Entre 2001 et 2004, le Groupe a créé et tourné le spectacle La peur dévore l’âme (1973) de Rainer Werner FASSBINDER (1945-1982). Parallèlement a été également réalisé et diffusé un triptyque de petites formes théâtrales, intitulé Le Temps des Catastrophes et consacré aux littératures germaniques du vingtième siècle.  

Le Groupe DÉCEMBRE a travaillé entre 2005 et 2008 sur un diptyque autour des littératures et des dramaturgies catalanes contemporaines.

Le premier volet est un spectacle de petite forme, à la fois théâtral, poétique et musical,, intitulé L’Homme de Barcelone, construit à partir d’un montage composé d’après l’œuvre de Manuel VÁZQUEZ MONTALBÁN (1939-2003). L’Homme de Barcelone, créé le 21 mars 2006 à l’Auditorium à SEYNOD (74) peut s’intégrer dans tous types de lieux : petits théâtres, cafétérias à l’intérieur d’un théâtre, médiathèques équipées d’une petite salle, scènes aménagées dans certains cafés littéraires ou cafés-concerts, appartements ou maisons…

Il constitue une étape dans cette exploration des littératures et des dramaturgies catalanes contemporaines qui a mené l’équipe artistique du Groupe DÉCEMBRE à la création, en mars 2007 de Caresses (1991) de Sergi BELBEL (né en 1963), dans une traduction de Jean-Jacques PRÉAU, Editions Théâtrales, 1999 à la Célestine aux Célestins, Théâtre de Lyon.

La création littéraire et dramatique catalane, sous-tendue par les décennies d’oppression et de souffrances que la dictature franquiste a infligées au peuple espagnol, s’inscrit en rupture et en témoignage, entre blessures du passé et ravages d’une mondialisation économique qui rejette l’individu à la marge et le condamne à une forme de précarité permanente, tant dans sa vie privée que publique.

Ainsi, les violences sociales et relationnelles, notamment à l’intérieur du couple, résultent du désordre et du chaos causés par cette violence économique, dans un pays comme l’Espagne qui a traversé des changements politiques et culturels radicaux pendant toute la période de la transition démocratique.

En cela, il y a eu et il y a toujours dans les choix de création une continuité forte avec les dramaturgies germaniques qui étaient jusqu’à présent au centre du parcours artistique du Groupe DÉCEMBRE.

Le dernier diptyque a été consacré à l’œuvre de Jean-Claude GRUMBERG (né en 1939) à travers la pièce éditée en 2008 aux éditions Actes Sud, Ça va ? Combien de « ça va » faudrait-il pour que ça aille vraiment ?, et H. H., mise en espace que nous jouons principalement dans des salles de conseils municipaux.

D’autres spectacles isolés ont vu le jour : en 2009, Grand jeu à bord de l’Impossible, d’après le roman inachevé de René DAUMAL Le Mont Analogue (écrit entre 1938 et 1944), en 2010, Verticale de fureur de Stéphanie MARCHAIS, pièce publiée en 2009 par les éditions Quartett, en 2013, La dernière mise en scène d’Hoffmann Sandor de Luigi-Alcide FUSANI, texte publié par les éditions Jacques ANDRÉ.

3. Enseignement artistique

La formation et la volonté de transmission d’une pratique ont toujours représenté, pour les membres de l’équipe artistique du Groupe DÉCEMBRE une nécessité, une urgence absolue…

Depuis septembre 1998, ils sont fortement engagés dans un partenariat avec les classes artistiques Théâtre-Expression dramatique “Le Miroir Ouvert” au sein du lycée Vaugelas à Chambéry.
Ce lien privilégié avec une Option Théâtre qui dispense un enseignement artistique exigeant, tant au plan de la théorie que de la pratique, et constitue en outre une magnifique école du spectateur, répond absolument à notre attachement aux textes qui portent le sens et fondent l’acte théâtral.

Un stage d’expression théâtrale inclus dans leur cursus de formation a été proposé en septembre 2010, pour la onzième (et dernière) année consécutive, aux élèves de L’Institut de Formation des Cadres de Santé du Centre Hospitalier Universitaire de Grenoble.

La onzième édition d’un stage d’art dramatique destiné aux enseignants en charge d’une classe d’enseignement artistique ou d’un atelier de pratique artistique, sur le thème De la parole au mouvement, les chemins de la direction d’acteurs, s’est déroulée à l’Auditorium Scène régionale de Seynod du 30 au 31 janvier et du 1er au 2 février 2013.

Enfin, Le Groupe Décembre est partenaire pour la onzième année consécutive d’un atelier de pratique artistique au sein du Collège La Salle à Annecy et a participé à la dixième édition de la Biennale des Rencontres Jeune Théâtre organisée en mai 2008 par l’Auditorium Scène régionale de Seynod.

Deux ateliers d’écriture et de mise en jeu – avec des élèves du lycée Les Bressis et avec des adultes – ont été mis en place en 2011-2012, à l’initiative de la Mairie de Seynod, dans le cadre de la Journée internationale de la Francophonie.

Un atelier de jeu dramatique a été mis en place en 2012-2013, à l’initiative de la Mairie de Seynod et du Centre L’Épanou à Seynod. Il inclut des personnes porteuses de handicap et des amateurs. Il aboutira à deux représentations lors du Festival Semeur de rêves à l’Auditorium de Seynod.

Artistes intervenants : Danielle BELLO, Alain BERT, Ingrid BOYMOND, Corinne MÉRIC, Nadine EMIN, Valérie MARINESE, Pierre MÉLÉ, Clara OGNIBENE, Christian TAPONARD, Diane THIBAULT, Pierre HEITZ, Grégory BENOIT, Christine BROTONS, Marion GUÉNAL, Guillemine BURIN DES ROZIERS

I. Pourquoi une résidence de compagnie théâtrale professionnelle à Seynod ?

Vers un Théâtre populaire contemporain

1 – Genèse du projet

En 2003, Joseph PALÉNI et l’Auditorium de Seynod, avec l’appui initial de Jean-Pierre CAZES, alors codirecteur du Centre dramatique National de Savoie, furent à l’initiative d’un projet de stage de 5 jours, à la fois pratique et théorique, en direction des enseignants de l’Académie de Grenoble responsables  de classes artistiques, d’options facultatives ou d’ateliers de pratique artistique.

Dès la première édition de ce stage, s’est créé un formidable espace d’échanges et de débat sur les fondements de l’acte théâtral.

Cette démarche s’avéra très pertinente et correspondait à une demande forte de la part des enseignants, significative d’un manque qui s’exprimait de manière récurrente à l’occasion des Rencontres Jeune Théâtre initiées et organisées tous les deux ans par l’Auditorium.

Celles-ci sont d’ailleurs d’une importance capitale dans cette volonté de construire des passerelles entre les professionnels du spectacle, les enseignants, les élèves des collèges et lycées et le public.

Elles préfigurent la volonté de permettre l’ancrage d’une équipe artistique sur le territoire du bassin annecien.

2 – Le projet de résidence

En 2007, alors que le groupe décembre était en résidence à Seynod depuis une saison, Joseph PALÉNI souhaite me présenter Grégory BENOIT, directeur de la compagnie Les yeux grand ouverts, afin de tisser des liens, d’imaginer une collaboration, de construire des passerelles, de confronter nos expériences sur le territoire.

Il s’avère rapidement qu’il existe des connivences, des échos dans notre  travail respectif, bien qu’appartenant tous deux à des générations différentes, et surtout nous avons le même désir d’un théâtre élitaire pour tous, d’un théâtre d’aujourd’hui, fédérateur de publics multiples.

Nous sommes l’un comme l’autre désireux d’aller sur le terrain, de convaincre de nouveaux spectateurs, de susciter la passion du théâtre, la curiosité pour la littérature dramatique et surtout pour les écritures théâtrales contemporaines.

Nous avons par ailleurs le désir de croiser nos chemins artistiques. Grégory a joué en septembre 2011 dans la mise en espace de H. H. de Jean-Claude GRUMBERG et lui-même m’a demandé de faire partie de la distribution de L’Échange de Paul CLAUDEL.

Nous avons codirigé trois sessions Écritures En-jeux avec des collégiens sur Kids de Fabrice MELQUIOT en 2009-2010, en 2010-2011 sur Journal de la middle class occidentale de Sylvain LEVEY et en 2011-2012 sur Cent culottes et sans papiers de Sylvain LEVEY.

Il existe sur le territoire concerné par notre projet un véritable potentiel de désir et de curiosité ; nos deux compagnies peuvent associer leurs forces pour développer des actions artistiques auprès de populations diverses, à Seynod mais également en milieu rural. Certains spectacles de nos compagnies respectives peuvent être particulièrement adaptés. Nous nous devons de considérer que chaque lecture, chaque rencontre, chaque atelier, chaque événement théâtral sont autant d’occasions de rencontrer des publics en devenir…

Chaque projet, par ramification, peut en engendrer un autre et nos deux compagnies ont, de par leurs actions passées pu déjà constituer un indispensable réseau de relais.

Tout est donc en place pour qu’une diffusion dans le département et plus largement dans toute la région Rhône-Alpes de nos spectacles, de nos lectures et petites formes, en lien avec nos activités pédagogiques et nos ateliers et stages de réalisation, nous amène vers des publics nouveaux, peu concernés jusqu’à présent par les pratiques culturelles et singulièrement par le spectacle vivant.

Par ailleurs, l’Auditorium de Seynod est devenu Centre de ressources pour les écritures théâtrales contemporaines associé au départ à aneth (aux nouvelles écritures théâtrales), spécialisé dans le Théâtre contemporain pour l’enfance et la jeunesse, ce qui est pertinent par rapport à la programmation de l’Auditorium et qui permettra à nos deux compagnies d’explorer aussi les dramaturgies contemporaines pour l’enfance et la jeunesse.

Les deux compagnies, sous l’impulsion du groupe Décembre seront donc amenées, en trouvant des moyens financiers spécifiques et complémentaires, à mettre en place une série d’actions artistiques et pédagogiques, de lectures, de lectures mises en jeu et de rencontres avec les auteurs, en lien direct avec les textes du Centre de ressources.

L’implication du groupe Décembre dans le projet Collidram (Comité de lecture collégiens consacré aux écritures théâtrales contemporaines en partenariat avec le Collège La Salle à Annecy-le-Vieux), en 2010-2011 va d’ailleurs dans ce sens-là…

3 – Pratique et transmission : les fondements d’une démarche

Les modules de formation habituellement proposés aux enseignants se déclinent sur des périodes courtes d’un maximum de 2 journées, et offrir la possibilité d’un stage intense sur 5 jours permettait ainsi une plus grande immersion du groupe d’enseignants dans le travail, la réflexion et l’analyse.

D’emblée, l’objectif a été de questionner par la pratique les différentes étapes qui peuvent mener à une mise en jeu et en espace de textes théâtraux, ou adaptés d’œuvres littéraires du domaine moderne et contemporain, de découvrir ce qui est fondamental dans ce chemin-là afin de pouvoir le transmettre aux élèves d’une classe d’enseignement artistique ou d’un atelier de pratique artistique, d’explorer les étapes qui peuvent mener à une réalisation, de comprendre de quel type de réalisation il s’agit et quels modes de représentations ces réalisations induisent…

Les enseignants ont par ailleurs pu aussi s’investir physiquement, en tant qu’interprètes, éprouver dans leur corps l’énergie et les enjeux qui traversent les écritures théâtrales contemporaines.

Dans la mesure où le protocole de départ repose sur la direction d‘acteurs, les stagiaires ont ainsi la possibilité d’être à la fois acteurs et regards extérieurs, tantôt agissant et tantôt aidant à agir. Et sans avoir éprouvé soi-même ce qui met l’acteur en mouvement, peut-on véritablement enseigner l’art théâtral ?

Dès la première lecture à la table, à voix haute, l’interprète, quelle que soit son expérience, ne peut donc se placer que dans l’engagement le plus exigeant et le plus sincère ; c’est cette implication première, absolument fondatrice, qui lui permettra de donner vie au texte tout en le donnant en partage. Et c’est sur cette route-là qu’enseignants et formateurs doivent tenter d’accompagner leurs jeunes élèves…
Ils ont ainsi acquis une confiance supplémentaire dans leur relation avec le partenaire artistique, qui leur permet de mieux travailler ensemble, dans une mise en commun des compétences respectives, et un respect de la spécificité de chacun.

Cette question de l’entente et de la fidélisation entre l’enseignant et l’artiste est souvent formulée comme étant une préoccupation fondamentale.
Ce stage constitua la première fondation du projet de résidence, un acte initial donnant du sens à ce qui en constituera le socle, une rencontre décisive entre les artistes du Groupe Décembre et les passeurs que sont les enseignants.

Ainsi, on peut dire qu’inlassablement, au sein du Groupe Décembre, notre travail, notre démarche artistique, notre démarche pédagogique  sont portés  par cet axiome de départ. Seule cette voie-là permet de mettre en jeu les textes qui portent le sens, en  dévoilent les enjeux et fondent l’acte théâtral.

Car une question fondamentale préside à notre démarche artistique et pédagogique : comment l’interprète s’approprie t-il les mots, les paroles d’un auteur dramatique, comment en appréhende t-il le sens et comment le restitue t-il, sans le figer, dans la pluralité des pistes qu’il ouvre, comment donne t-il chair à ces mots de papier et comment enfin, à l’issue de ce processus d’appropriation, donne t-il vie au personnage qui les porte, entrant ainsi dans la phase de transformation et d’incarnation qui est le fondement même de l’art de l’acteur…

Actions en direction des publics, présence sur le territoire

Il est important de créer, dans le cadre de notre résidence, des espaces de recherche et d’exploration, qui permettront au public de faire l’expérience du théâtre d’aujourd’hui. Il semble important que dans ces rencontres, ces stages, ces sessions de travail, les publics soient mélangés. Ce projet de décloisonnement des publics et ce désir d’inscrire dans la durée un travail de fond garantissent une belle circulation des idées et une véritable dynamique de création.

L’essentiel d’un processus de résidence et de travail sur le terrain est la relation étroite qui se créera avec le public, les relais, les partenaires, les comédiens amateurs, les compagnies émergentes, les jeunes, qu’ils soient collégiens, lycéens, étudiants ou en formation professionnelle.

Le théâtre est en perpétuel mouvement, des formes nouvelles apparaissent, l’écriture théâtrale est de plus en plus en prise avec le monde, reflet et critique infatigable des événements et des images du monde. Le théâtre est et doit être en prise avec les préoccupations et la vie de la Cité et le combat de la décentralisation théâtrale garde plus que jamais tout son sens.

L’idée d’un véritable Théâtre populaire, pour lesquels, dans le sillage de Jacques Copeau, s’étaient battus Jean VILAR, Jean DASTÉ et d’autres pionniers de la décentralisation, a été trop vite abandonnée et parfois méprisée, laissant la place au repli des artistes sur leurs créations et sur les problèmes de production et de diffusion.

Il est indispensable que les équipes artistiques s’engagent de plus en plus dans ce travail de fond, relayées, soutenues et accompagnées par les structures culturelles telles que l’Auditorium de Seynod.

Un Théâtre populaire ne peut s’appuyer que sur la plus haute exigence. L’accès d’un plus grand nombre de spectateurs au théâtre qui s’écrit et se crée aujourd’hui s’inscrit dans cette exigence.

Une vraie sensibilisation au théâtre contemporain est trop souvent sommaire ou inexistante. C’est en faisant confiance au public, en allant vers lui, pour qu’il se sente concerné par les enjeux de ce théâtre-là, reflet du monde qui est le leur, celui à la fois qu’ils subissent et qu’ils tentent de maîtriser dans leurs choix de vie, que nous lui redonnerons l’émotion et la joie d’un théâtre partagé.

seynod3

Photo : David ANÉMIAN

« Il y a un pacte millénaire entre la  vitalité de l’humanisme et celle de l’art dramatique. »
Régis DEBRAY.

 Transmettre et faire découvrir le théâtre contemporain

Ce qui fait que le théâtre est irremplaçable, c’est qu’il met en perspective les histoires singulières des hommes et la grande Histoire qui les traverse, les bouleverse et les malmène, orientant parfois de manière tragique et absurde leur destin…

D’autre part, un théâtre qui cèderait à la tentation formelle, esthétisante ou esthétiquement dogmatique, se couperait de sa nécessité intrinsèque.

À l’inverse, les facilités et les paresses de la convention renient ce qui constitue la mission du théâtre : la critique des mensonges et des crimes du monde, le refus de la barbarie, la recherche inlassable de ce qu’est l’humain et de ce qui fonde la relation entre les êtres.
Cette action du théâtre peut être portée par la comédie, le drame ou la tragédie, mais elle est toujours génératrice de sens et d’émotion…

Car le théâtre est bien le lieu du débat, du regard critique, de la confrontation des regards, du respect de l’autre et du refus de la fatalité et de la violence du monde. Travaillant avec de jeunes élèves dans les collèges et les lycées, nous voyons bien comment ceux-ci sont touchés par les écritures théâtrales modernes et contemporaines, combien ils se retrouvent dans l’univers d‘Ödön von HORVÁTH Edward BOND, Harold PINTER, Jean-Claude GRUMBERG, Michel DEUTSCH, Sergi BELBEL, Sarah KANE, Michel VINAVER, René DAUMAL, Xavier DURRINGER, Manuel VÁZQUEZ MONTALBÁN, Josep Maria BENET I JORNET, Marieluise FLEISSER, Rainer Werner FASSBINDER, Alfred DÖBLIN, Hermann BROCH, Juan MAYORGA, Jon FOSSE, Perrine GRISELIN, Sylvain LEVEY, Nathalie FILLION, Stéphanie MARCHAIS, Alexandra BADEA, Lucie DEPAUW, Eugène DURIF, Sarah FOURAGE…

Ils ne sont pas seulement touchés intellectuellement et émotionnellement, ils sont capables de faire passer  en tant qu’interprètes, dans le corps, dans l’intention, dans l’énergie, ce qui agit dans les personnages de ces auteurs et ce qui les fait agir…
Par ailleurs, en France, une nouvelle génération de jeunes auteurs commence à émerger, parfois empreinte d’un grand pessimisme quant à l’état du monde, mais en même temps portée par une rage et une lucidité qui les amènent à bousculer les genres théâtraux et à mêler férocement la tragédie et le burlesque, à l’instar de leurs aînés allemands, britanniques ou espagnols.

Il parut ainsi nécessaire de mettre en  place des moments de rencontre, d’échanges, de travail pratique et théorique autour des écritures théâtrales contemporaines et des thématiques qui les constituent. Ces opportunités fonctionnant comme une caisse de résonance, à l’instar du stage en direction des enseignants, permettront aux jeunes créateurs, aux artistes, aux écrivains d’être dans l’échange, la découverte de perspectives inédites, le questionnement sur les nouvelles formes théâtrales, leur structure et leur mise en œuvre scénique.
Tout partage des expériences, projets et réalisations, devra répondre d’une exigence commune, d’un rapport au théâtre qui procède de l ‘interrogation permanente sur les fondements de l’art théâtral ainsi que d’une remise en cause productive des codes de la représentation. Car rien jamais n’est acquis et le moteur de la création théâtrale est le doute, qui permet de lutter contre les clichés, l’utilisation pléthorique des signes et le recours à l’image, alors qu’au centre de la représentation, il y a d’abord le corps de l’acteur. C’est lui qui porte le texte et transmet le sens.

logo-groupe-décembre

Christian TAPONARD
Comédien, metteur en scène
Directeur artistique
Alain BERT
Comédien et musicien
Artiste associé
Nadine EMIN-MADRID
Comédienne et enseignante artistique
Ingrid BOYMOND
Comédienne
Inès PLANCHER
Comédienne
Charlotte MICHELIN
Comédienne
Marion GUÉNAL
Comédienne et assistante à la mise en scène
Pierre MÉLÉ
Scénographe et régisseur   
Rose-Line MOISY
Éclairagiste
David ANÉMIAN
Photographe
Gérald BERLIER
Réalisateur
Sylvie MÈGE
Administratrice et comédienn

seynod4

Mention Légales
Copyright Groupe Décembre